« L'agenda politique, judiciaire et peut-être le sort du président du conseil italien, Silvio Berlusconi, sont suspendus à la date du vendredi 4 décembre. Ce jour-là, la cour d'appel de Palerme, transférée pour des raisons de sécurité, depuis la Sicile, dans le tribunal bunker de Turin (Piémont), entendra le témoignage du mafieux repenti Gaspare Spatuzza, dans le cadre du procès en appel du sénateur Marcello Dell'Utri. Ce dernier, collaborateur historique de M. Berlusconi, a été condamné en décembre 2004 à neuf ans de prison pour association mafieuse en première instance. Gaspare Spatuzza, homme de main des frères Graviano à Palerme, soutient que MM. Dell'Utri et Berlusconi auraient été les interlocuteurs politiques de Cosa Nostra lors de la campagne d'attentats de 1993 dont il fut l'un des artificiers : le 14 mai 1993 à Rome (aucune victime), le 27 mai à Florence (5 morts, 48 blessés) et le 27 juillet à Milan (5 morts) et Rome (quelques blessés). Selon le repenti, les deux hommes souhaitaient créer un chaos propice à l'arrivée au pouvoir de Forza Italia, le parti qu'ils s'apprêtaient à créer, en échange de quoi la Mafia escomptait une politique plus clémente à son égard.
Après l'attentat raté du 31 octobre visant le stade olympique de Rome, Gaspare Spatuzza a témoigné que son chef, Giuseppe Graviano, lui aurait dit : “Tout est bien arrangé avec les politiques, nous avons obtenu tout ce que nous voulions.” “Il m'a confirmé le nom de Berlusconi, ajoute Spatuzza dans le procès-verbal de son interrogatoire paru dans la presse. Puis il m'a également parlé d'un compatriote sicilien et m'a indiqué le nom de Dell'Utri.” Ces aveux ont été qualifiés de “bombe atomique” par le président de l'Assemblée nationale, Gianfranco Fini.
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(Le Monde, 4 décembre 2009)
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