LA STRATEGIE DE LA TENSION
En dépit de l'échec du Plan Solo, la CIA et la droite italienne avaient largement réussi à créer les structures clandestines prévues par l'opération Demagnetize. Dès lors, les conspirateurs s'appliquèrent à renouveler l'offensive contre la gauche.
Pour se gagner le soutien des intellectuels, les services secrets organisèrent dans le luxueux hôtel Parco dei Principi, à Rome en mai 1965, une conférence, consacrée à l' « étude » de la « guerre révolutionnaire ». Le choix des mots révélait par inadvertance que les conférenciers et les participants invités étaient en train de planifier une véritable révolution et non seulement de mettre en garde contre une prise de pouvoir imaginaire des communistes. Le rassemblement était principalement une réunion de fascistes, de journalistes d'extrême droite et de personnel militaire. « La stratégie de la tension » qui en sortit était destinée à perturber la vie ordinaire par des attentats terroristes pour créer le chaos et inciter un public effrayé à accepter un gouvernement encore plus autoritaire [Mario Scialoja, « Un Convegno Explosivo », L'Expresso, 25 novembre 1990, p. 127.] .
Plusieurs « spécialistes » de cette opération avaient un casier judiciaire chargé d'activistes anticommunistes et devaient être plus tard impliqués dans quelques uns des pires massacres que connut l'Italie. L'un d'entre eux était le journaliste et agent secret Guido Giannettini. Quatre ans plus tôt, il avait dirigé un séminaire à l'Académie navale américaine sur les « techniques et les perspectives de coup d'Etat en Europe ». Un autre était le fasciste notoire Stefano Delle Chiaie qui avait été, semble-t-il, recruté comme agent secret en 1960. Il avait organisé son propre groupe armé, connu sous le nom d'Avanguardia Nazionale (AN), dont les membres avaient commencé à s'entraîner aux tactiques terroristes en préparation du plan Solo [Christie, op. cité, pp. 26, 33.].
Le général De Lorenzo, dont le SIFAR était devenu le SID, eut tôt fait d'enrôler ces derniers ainsi que d'autres hommes de confiance dans un nouveau projet Gladio. Ils planifièrent la création d'une force parallèle secrète aux côtés des services gouvernementaux sensibles pour neutraliser les éléments subversifs qui n'avaient pas été encore « purifiés ». Connu sous le nom de SID parallèle, ses tentacules s'étendaient à presque toutes les institutions capitales de l'Etat italien. Le général Vito Miceli, qui fut ensuite à la tête du SID, déclara qu'il mis en place cette structure séparée « sur requête des Américains et de l'OTAN » [Ibid., pp. 35-36.].
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