mercredi 16 décembre 2009

Les souvenirs au-dessous de tout


Le très sérieux Nouvel Observateur, sous la plume de Ludovic de Foucaud, évoquait hier la vente aux enchères des lettres de Guy Debord à Jean-François Martos.
L'article réserve en peu de lignes quelques perles.
M. de Foucaud ne comprend manifestement pas l'humour. Il écrit sérieusement que Guy Debord a vraiment cru « déceler dans un article du “Figaro” qui parle d'un village gitan en Andalousie du nom de Martos - le même que celui de son ami - une attaque contre ce dernier : “Hasard ou tentative calomniatrice de nos ennemis ? On aura tout vu. (...) MARTOS EST DEVENU ALORS LE SYMBOLE NEGATIF. ” »
Mais il y a mieux. On croyait savoir que c'était la veuve de Guy Debord, Alice Debord, qui avait fait un procès à Jean-François Martos pour la publication de sa Correspondance avec Guy Debord. L'étourdi M. de Foucaud pense plutôt qu'il s'agissait de « la fille de l'écrivain », un secret aussi bien gardé jusque-là que Mazarine en son temps. Allez-y voir vous-même, si vous ne voulez pas me croire.

Nota bene: peu après la publication de notre billet, Alice Debord est mystérieusement redevenue Alice Becker-Ho, « la veuve de l'écrivain », dans l'article de M. de Foucaud.
Ci-dessous la version originale de l'article.
Guy Debord aux enchères
Des lettres, mais aussi des photos érotiques détournées
Artcurial organise le 16 décembre à l’hôtel Marcel-Dassault, une vente aux enchères qui comportera la correspondance de Guy Debord avec l’historien Jean-François Martos, auteur de l’Histoire de l’Internationale situationniste.
Il s’agit d’une cinquantaine d’envois, de 1981 à 1990, après sa rupture avec le milieu situationniste parisien sur lequel il déverse sa bile. Ces lettres témoignent de la vigilance constante de Debord pour les situations politiques en Italie, en Espagne ou en Pologne et montrent l’attention quasi obsessionnelle qu’il porte aux critiques ; il croit même déceler dans un article du Figaro qui parle d’un village gitan en Andalousie du nom de Martos — le même que celui de son ami — une attaque contre ce dernier : «Hasard ou tentative calomniatrice de nos ennemis ? On aura tout vu. (…) MARTOS EST DEVENU ALORS LE SYMBOLE NÉGATIF.»
Cette correspondance est répartie en quatre ensembles chronologiques et variés estimés entre 14 et 18'000 euros, composés de lettres, manuscrites ou tapuscrites, cartons bristol, cartes postales, et coupures de presse annotées (lots 285 à 289). Il avoue d’ailleurs à «Jeff», qu’il préfère taper à la machine : «Excuse mon écriture de malade mental, très manifestement : je n’ai pas ici de machine à écrire, et on boit de bien bonnes choses.»
Jean-François Martos avait déjà publié ces lettres, avant qu’elles ne soient retirées des librairies par la fille de l’écrivain, Alice Debord. Cette vente interviendra presque un an jour pour jour après que le ministère de la Culture alors dirigé par Christine Albanel ne fasse classer les archives de l’agitateur «trésor national», en réponse à la convoitise de l’Université américaine de Yale.
Outre les lettres, la vente comportera aussi des documents sur le situationnisme (lots 374 à 385), avec notamment cette couverture muette en papier verré brun destiné à abîmer les autres livres de la bibliothèque où il est rangé, et des photos érotiques détournées, dont celle-ci, de 1964, qu’on aime beaucoup.
(Ludovic de Foucaud, Le Nouvel Observateur, 15 décembre).

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