Nota bene : cette rubrique sera régulièrement alimentée au gré des arrivages.
La bêtise
En fait,BHL et FRECHE se ressemblent. Même intelligence aigüe et sournoise. Même gestuelle. Et aussi,même utilisation perverse du vocabulaire . Cela dépend du public visé. La critique de la raison politique pour les uns,les black-blancs-beurs "pas catholiques" pour les autres.
Ils sont les batards d'un système pseudo-démocratique qui nous fait vivre dans la société du spectacle. Non pas celle définie par Guy Debord,mais celle qui lui a succedé,et que je j'appellerai la société des apparences. (Vingtras, le club Mediapart, 22 février 2010)
La répétition constante, dans tous les médias, de ce catéchisme [Témoignage exemplaire de cette pensée dominante : la France de l’an 2000, rapport au premier ministre, éditions Odile Jacob, Paris, 1994.] par presque tous les hommes politiques, de droite comme de gauche [On connaît la célèbre réponse de M. Dominique Strauss-Kahn, ministre socialiste de l’industrie ; à la question : « Qu’est-ce qui va changer si la droite l’emporte ? », il répondit : « Rien. Leur politique économique ne sera pas très différente de la nôtre. » The Wall Street Journal Europe, 18 mars 1993.], lui confère une telle force d’intimidation qu’elle étouffe toute tentative de réflexion libre, et rend fort difficile la résistance contre ce nouvel obscurantisme [Est-ce pour cela que plusieurs intellectuels, dont Guy Debord, ont préféré, ces dernières semaines, se suicider ?]. (Ignacio Ramonet, « La Pensée unique », Section socialiste de l'île de Ré, 7 juin 2010)
Le confusionnisme spontané
Big 3rd Happy/End, de la compagnie franco-autrichienne Superamas, tient à la fois du théâtre et de la performance, de la vidéo et de la danse, du cinéma et de l'installation sonore. Son caractère touffu n'empêche pas, paradoxalement, de le résumer en une phrase: cet objet scénique décalé est une illustration des idées de Jacques Derrida et Guy Debord sur la société du spectacle. (Alexandre Vigneault, La Presse, 29 janvier 2010)
Cette histoire musicale est une sorte d’hommage a Guy Debord qui fonda l’internationale situationisme dans les années ‘60 avec une etude artistique sur la société. (Monsieur M, Out of Box, 6 juin 2010)
Malcolm Maclaren s’est inspiré ouvertement, pour son grand dessein, des pratiques des Enragés de Nanterre, qui sabotaient les cours à l’Université et qu’on retrouvera dans le Mouvement du 22 mars, groupe phare des événements de mai 68 (plus tard, certains de leurs membres rejoindront l’IS). (Yves Wellens, Blog à part, 3 juin 2010)
"Muray, c'est Debord en comique", m'a dit mon beau-père, Michel Debeauvais, 85 ans, homme de gauche. (…) En 1963 ? Je suis peut-être dans un groupuscule gauchiste, je lis Guy Debord et suis ami de Daniel Bensaïd... (Fabrice Luchini, L'Express, 8 mai 2010)
Vite exclu de l'Internationale situationniste par son chef de file, Guy Debord, Vaneigem n'en n'est pas moins resté un adversaire impénitent de l'ordre social. (Raphaëlle Rérolle, Le Monde des livres, 14 mai 2010)
Le confusionnisme intéressé
Hou Hanru, commissaire de la Biennale de Lyon 2009, a choisi de mettre en exergue « Le spectacle du quotidien », avec une évidente référence à Guy Debord et à son ouvrage La société du spectacle. Mais Hou Hanru manie les logiques de détournement à la perfection et, dépassant les thèses pessimistes du situationniste qui ont des allures de constat (la société du spectacle déréalise les individus), le commissaire opte pour une vision plus optimiste : le détournement du quotidien. (Ornella Lamberti, Planetecampus.com, 13 janvier 2010)
Toutes les tentatives artistiques de Malcolm ont été profondément influencées par le situationnisme de Guy Debord. “Ce qui est bien avec la musique pop et les fringues, expliquait-il à Rock’s Backpages, c’est qu’elles sont vulgaires et directes. Ce qui est triste, c’est qu’elles manquent souvent de fond et qu’elles sont utilisées dans l’optique de faire marcher les gens au pas. Mais les gens de ces milieux ne sont pas si intelligents et pas si créatifs et si tu arrives à manipuler la situation, si tu es assez malin pour le faire… c’est ce que je fais.” Autrement dit : “C’est merveilleux d’utiliser le situationnisme dans le rock’n'roll”, comme il avait déclaré dans les colonnes du Melody Maker.
Marqué à vie par Mai 68, qu’il a raté, Malcolm et son compère graphiste Jamie Reid importent le concept outre-Manche, à base de détournement d’affiches, de slogans et de provocation gratuite, au sein de King Mob, l’aile britannique du mouvement, rapidement exclu par les mandarins parisiens. C’est eux qui, les premiers, éditent en Angleterre Leaving the 20th Century, bouquin de Christopher Gray qui retrace l’histoire du mouvement. McLaren affirmera que Debord lui-même l’a appelé quand “God save the Queen” a atteint le sommet des charts. Sans que l’on sache jamais si c’était vrai.
McLaren, mort jeudi à l'âge de 64 ans, laisse le souvenir d'un Guy Debord du rock'n'roll - un ancien des Beaux-Arts ayant transformé les principes de l'Internationale situationniste en spectacle pop, provocateur et rentable. (Jody Rosen, Slate, 11 avril 2010)
On me reproche de faire sans cesse des citations mais je ne le fais pas pour impressionner. Ce sont comme des preuves de pensées, de réflexions d’illustres devanciers. C’est pour ne pas oublier, comme le faisait Montaigne, qui écrivait sur les poutres des phrases entières. Pas de pensée sans ces rappels… « Les citations sont utiles dans les époques obscurantistes », disait Guy Debord. C’est très bien vu. Quant à Lacan, il m’avait fait une dédicace disant : « On n’est pas si seul, somme toute. » Il avait compris que j’avais une passion. (Philippe Sollers, L'Humanité, 29 avril 2010)
Bonjour Jules Bonnot de la Bande.
RépondreSupprimerAvec les notions que j'ai pu acquérir sur certains blogs dont le votre, je ne peux que vous remercier de faire la lumière sur ces textes qui tiennent du vrai "brouillage de piste".
J'ai une préférence pour les articles confusionnistes punk et fun-écodurable:
- "laisse le souvenir d'un Guy Debord du rock'n'roll"(de Slate-Colombani-Attali)
- "une vision plus optimiste : le détournement du quotidien." (d'Ornella Lamberti, chroniqueuse culturelle du net)
J'imagine que ces "arrivages" risquent d'être de plus en plus nombreux tant le sujet est en proie à la récupération intéressée.
Merci pour votre décryptage !
un autre exemple, visuel cette fois, qui m'a quand même fait sourire
RépondreSupprimerhttp://media.paperblog.fr/i/191/1915245/tiqqun-cinema-invisible-forcement-invisible-f-L-1.jpeg
J'ignorais l'instructif document visuel que vous avez eu la bonne idée de me communiquer. Je l'ai inséré dans mon chantier encyclopédique, qui ambitionne de rivaliser par son étendue, sa durée et la qualité de ses matériaux avec rien de moins que celui d'ITER...
RépondreSupprimerL'image signalée par l'anonyme est un faux, comme nous l'a fait remarquer un lecteur attentif, après examen de la position des lettres formant le nom de Guy Debord. J'avais retrouvé la trace de cette image sur le blog des Editions Léo Scheer, dans un message intitulé "Pièce à conviction" (http://www.leoscheer.net/blog/2008/12/03/888-la-preuve#co) et signé Léo Scheer, qui la présente comme une "preuve apportée par Alessandro Mercuri (l'auteur de Kafka Cola) que Patrick Le Lay connaissait très bien Guy Debord". Après une recherche plus poussée, j'ai retrouvé l'origine de cette image. Elle provient de "Kafka Cola" d'Alessandro Mercuri (publié aux Ed. Léo Scheer). Sur son blog Peeping Tom (http://peepingtomato.blogspot.com/2009_10_01_archive.html), cette image est présentée comme un "montage de l'auteur". Je la supprime donc, sa place étant plutôt au rayon des farces et attrapes.
RépondreSupprimermerci pour cette info sur la source
RépondreSupprimerl'anonyme
Quelques lignes de C.B. :
RépondreSupprimerMalcolm McLaren est-il vraiment situationniste en 77 ?
Malcolm McLaren, ancien soixante-huitard, n’avait jamais été membre d’un groupe situationniste. Il était dans la mouvance. Dans les marges de ce mouvement.
McLaren, éternel imposteur…
Oui. En revanche, ce qu’il ne dit pas, mais qui est un vrai point commun, entre le punk et Guy Debord, c’est cette poétique du désenchantement, que Debord développe dans les années 1979-94. Toute son œuvre est nimbée d’illusions perdues. Et le désenchantement à la source de la new wave est comme un écho de celui de Debord. Mais c’est un hasard, parce Debord et Michèle Bernstein aimaient le jazz et la chanson française et ont fait l’impasse sur les Beatles! Ils n’ont jamais écouté un groupe de rock. Même si Michèle Bernstein est fascinée par John Lydon ! Elle a beaucoup apprécié le documentaire de Julian Temple : The Filth and the Fury. Elle m’en a d’ailleurs prêté une copie.
http://archives.gonzai.com/christophe-bourseiller-la-societe-du-chaos/
Bien à vous.
Quelques lignes prises chez Serge Quadruppani :
RépondreSupprimer"Pour ceux qui n’ont pas connu ces milieux, il faut lire la correspondance de Debord ou la biographie de celui-ci par Christophe Bourseiller pour prendre la mesure de l’espèce de terreur que faisaient régner Debord et ses séides, en pratiquant pour des raisons souvent futiles l’excommunication, à l’image des papes des avant-gardes précédentes, André Breton et Isidore Isou. Manchette a eu sa part d’insulte, son épouse s’étant même fait, en raison de son lien conjugal, refuser une traduction par Lebovici, éditeur de Debord qui s’efforçait d’en devenir le clone."
http://quadruppani.samizdat.net/spip.php?article32
Pour tout vous avouer la confusion me gagne..., en même temps que se dessine la trame sur la toile...
Il faut lire, en effet, la correspondance de Debord. Cela permet de savoir ce qu'il pensait de Serge Quadruppani. On en trouvera un instructif aperçu dans sa lettre à Jean-François Martos du 24 février 1990 (Guy Debord, Correspondance volume 7, Fayard).
RépondreSupprimerCiter C. Bourseiller comme référence me paraît très risqué, pour ne pas dire , hallucinant, vu ce que ce dernier a produit, en plus, ces derniers temps lors d'une "certaine" affaire...
RépondreSupprimerJ'étais tombé sur un extrait de la lettre : "Ote ta moustache" (Daeninckx) que j'avais également repris pour mettre un terme à une accusation du côté de chez nous.
Je lis S.Q. depuis que je suis sur A.11 et personnellement je n'y trouve rien d'idéologiquement spectaculaire...ou alors je n'ai pas encore fait le rapprochement.
La guerre des écrivains/éditeurs de roman policiers aura-t-elle raison de la lutte des classes ?
C'est peut-être pourquoi je n'ai pas persisté dans la lecture de romans...
Bien à vous